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Abécédaire de Mieuxcé
Voici l'un des moins anciens de mes abécédaires, il n'en est pas moins beau!
Il a été brodé en 1925, par S.Esnault. Sophie ? Sidonie ? Suzanne ? Simone ? Je ne le saurai jamais...
Elle habitait le petit village de Mieuxcé, dans l'Orne. Il ne comptait que 571 habitants en 1999, il devait être encore plus petit à l'époque.
J'ai retrouvé une image de son chateau, une vraie merveille!
Et de son église, plus banale...
Voilà à quoi ressemble Mieuxcé aujourd'hui, ça donne envie d'y aller faire un petit tour...
Mais revenons à la broderie de Sidonie. Elle a été exécutée en laine fine sur du canevas.
Il comporte un alphabet complet de Majuscules bicolores, ainsi qu'une série de chiffres.
Mais sa beauté réside surtout dans ses différents sujets, brodés selon des grilles de broderie de Berlin: un perroquet, un bel oiseau central, un cerf, des fraises (miam!), deux très beaux bouquets de fleurs, et deux symboles : des clefs entrecroisées et une ancre.
Une magnifique frise fleurie entoure l'ouvrage.
Ce qui est drôle, c'est que j'avais brodé l'oiseau central il y a quelques années sur un chemisier. Le modèle se trouvait dans "Le grand livre du point de croix" de Régine Deforges.
Pour celles que ça interesse et qui auront le courage de tout lire, voilà ce que j'ai trouvé sur la broderie de Berlin:
Les grilles ou diagrammes - dessins pour la broderie - apparurent pour la première fois à Berlin, en Allemagne, au début du XIXème siècle. C’est pour cela que pendant longtemps, broder à points comptés avec de la laine ou de la soie, en utilisant un dessin pour s’orienter en comptant points et carrés s’appela « la broderie de Berlin ».
A cette époque, pour répondre à la demande d’une clientèle de plus en plus exigeante et avide de plus en plus de modèles inédits, certains commerçants décidèrent de vendre des dessins destinées à la broderie aux points comptés (point de croix, demi-point ou petit point, point de velours, etc). Cette invention facilita considérablement le report des couleurs sur le tissu. A part les points comptés, les brodeuses utilisaient également de la passementerie, des perles, des rubans, le tout dépendant de l’effet recherché.
Au début, le dessin était peint à la main sur papier quadrillé, chaque carré représentant un point ; il suffisait, pour exécuter le travail, de compter carrés et points. Les clientes préférèrent d’abord les petits motifs qu’on travaillait en soie, puis, vers 1830, la mode passa à des sujets plus grands, réalisés en laine sur canevas : bouquets, oiseaux, temples grecs, autels, ou encore copies de toiles célèbres. Les premiers modèles furent édités sous forme de cahiers, mais on s’aperçut rapidement qu’ils se vendaient plus facilement en feuilles séparés. Le prix variait selon la taille des patrons, le nombre de points et couleurs ; on pouvait aussi les louer pour une somme modique. On en trouvait chez les éditeurs, les libraires et les marchands de tableaux ainsi que chez les détaillants, où l’on pouvait également se procurer le matériel nécessaire à la réalisation des ouvrages.
Toute l’Europe s’adonna bientôt à la broderie de laine et la fabrication des modèles connut un véritable essor, soutenue par une exportation de plus en plus importante vers l’Amérique du Nord. Berlin devint rapidement le symbole de cette production et les notions de laine et de broderie de Berlin firent leur apparition. La création de diagrammes atteignit son apogée entre 1840 et 1850 (pour la seule année 1840, on dénombre quatorze mille dessins différents !), mais la demande diminua à partir de 1860. Les fabricants subirent la concurrence de plus en plus active des journaux de mode qui commençaient alors à publier des modèles pour leurs lectrices. Puis, d’autres pays commencèrent à produire eux-mêmes leur dessin, inspirés d’histoires et de motifs traditionnels de chaque région. La broderie de Berlin perdit ainsi son importance et aujourd’hui, chaque région dans le monde produit ses propres dessins, issus d’expérience personnelle et de symboles et couleurs spécifiques.
Source:"Autour du fil, encyclopédie des Arts textiles"
Bravo à cette petite fille pour ce travail de longue haleine!
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Commentaires
2Violette2sescasDimanche 10 Juin 2012 à 13:47Quel trésor tu as encore déniché là ! Heureux temps où les petites filles avaient la patience de réaliser de tels ouvrages...
Je possède quelques feuillets de diagrammes de broderie de Berlibn, peints à la main, donc devant dater des alentours de 1830...le brocanteur qui me les a vendu n'y connaissait rien et je les avais eu pour quelques francs ( à l'époque) , c'était avant Internet, les vendeurs étaient moins bien renseignés sur la valeur des choses !
3Violette2sescasDimanche 10 Juin 2012 à 13:51Oh, deux belles fautes dans les accords de participes passés ! il faut que je reprenne ma grammaire !
5chantal 49Dimanche 10 Juin 2012 à 19:16Magnifique, avec de belle couleur. Pourquoi pas aller faire un petit tour dans le village de son origine.
Bonne journée
Bises
Josiane
Si je passe un jour par là, j'en ai bien l'intention! Tu es bien tôt levée Josiane! Passe une bonne journée.
Cet ouvrage est magnifique ! C'est toujours un plaisir de les admirer.
Merci pour toutes ces explications.
Bises
11lapassionneedesaraviLundi 11 Juin 2012 à 06:37Quelle petite merveille, et un grand merci sur ces explications, je suis un peu inculte sur le sujet et c'est toujours intéréssant d'apprendre.
C'est vrai que la région de l'Orne est superbe, j'ai le bonheur de bien a connaître y ayant passé pas mal de week-end dans ma jeunesse., surtout que ce devrait être les plus belles journées de l'année, mais cela nous permet de broder et bricoler quoi faire d'autre?
bonne journée tite libellule ici encore la pluie, toujours la pluie cela devient un peu penible
Bonne journée pluvieuse à toutes les deux! Je crois bien que toute la France va encore être bien arrosée...
Magnifique abécédaire et très intéressant reportage!
J'ai moi aussi brodé l'oiseau central sur un coussin offert à ma mère....comme quoi les jumelles sont sur la meme longueur d'onde!!
Merci pour cet article Marie libellule!
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Beau marquoir! Les motifs de fleurs et d'oiseaux sont très travaillés, la jeune S. n'était pas une toute petite brodeuse. Et la région est belle (je suis chauvine, non?).